jeudi 12 avril 2012

Colombie : Nabusimaké du 26 au 28 mars 2012

Nabusimaké. J’avais entendu parler de ce petit village à plusieurs reprises, sans trop savoir ce qu’il en était. Départ de Valledupar à 8h du matin, arrivé à Pueblo Bello à 9h30, où je suis censé prendre un 4X4 vers Nabusimaké, village indigène perché dans les hauteurs de la Sierra Nevada.

Le 4X4 arrive à midi, l’aide chauffeur complètement saoul, me fait grimper dans un vieux Land-Rover avec des banquettes en bois à l’arrière. Ils font 100m et s’arrêtent au premier bistrot. Le chauffeur passera son après-midi à picoler des bières, prétextant attendre que la pluie se calme. Au final, 5h d’attente dans la voiture, ce qui fait plus de 7h pour moi dans le village.
Il finit donc par relancer le moteur, je ne sais pas avec combien de bières dans le cornet, mais surement un paquet ! Nous sommes 8 à l’arrière, et je me retrouve au milieu d’un groupe d’indiens en tenues traditionnelles, plutôt marrant ! La route est dans un état épouvantable et on se fait secouer dans tous les sens pendant 3 heures, les gars continuant à picoler leurs bières en jetant leurs canettes vides par la fenêtre…

La Sierra Nevada, chaîne de montagne du nord de la Colombie dominant la côte Caraïbe, abrite nombre de communautés indigènes, ce qui en fait un sanctuaire plus ou moins protégé et difficile d’accès.
Le village de Nabusimaké est un des grands centres religieux de la culture indigène Arhuaco, l’endroit où le soleil est né.
Village traditionnel de Nabusimaké, entouré par un mur de pierre marquant bien la différence avec le reste du monde

Cases Arhuacos et Sierra Nevada

Les indigénes y vivent reclus du monde, portent tous la même tenue, un espèce de poncho blanc avec une jupe et un bonnet étrange qui ne sert à rien puisqu’il ne couvre pas les oreilles. Tous portent les cheveux longs, très noirs, des sandales de cuir. Leurs maisons sont faites d’adobe et les toits sont en chaume.
En plus de cela, ils se promènent avec une cabosse pleine de coquillages broyés qu'ils mangent avec des feuilles de coca, devant produire le même effet que le bicarbonate que les péruviens mangent avec la coca. Et ils frottent un baton sur leur cabosse selon un étrange rituel.
On a vraiment l’impression de se trouver dans un décor de film, ou alors chez les schtroumpfs, entre ces indiens, leurs déguisements, leurs maisons, cette montagne et cette verdure dégageant quelque chose de très fort…

Indigène arhuaco en tenue traditionelle, avec son bonnet, sa tunique blanche et sa cabosse dans la main. La photo n'est pas fabuleuse, mais il est très difficile de les prendre en photo.
 
Gamins Arhuacos, celui de gauche en tenue traditionelle


Arrivés en pleine nuit, heureusement que je rencontre un jeune sympa dans la voiture qui m’amène chez une de ses copines. Je me retrouve dans une famille indigène, pas traditionnelle celle-ci, avec laquelle je partagerai des moments autour du feu, un diner… vraiment sympa !
La famille qui m'heberge, cuisinant au feu. A ce moment là, ils faisaient cuire des graines de café récoltées le matin-même
Par contre, les indigènes, dans le but de protéger leurs cultures, et surtout leurs terres dans la Sierra Nevada, en verrouillent l’accès. Par exemple le village est séparé en 2 parties et les non-indigènes ne peuvent pas dormir dans la partie supérieure, considérée sacrée. Pour rentrer dans le village traditionnel, il faut être muni d’un pass et y rentrer avec un guide indigène.

Par exemple, au cours d'une promenade d'une heure le long d’une rivière, m’intercepte un indigène en tenue traditionnelle qui parle à peine espagnol et qui met une demi-heure à m’expliquer qu’il m’est interdit d’aller plus loin, territoire sacré oblige !

De même, sur le chemin du retour, je m’arrête dans le village traditionnel, absolument superbe, avec ces maisons tout droit sorties d’un film, et ces indigènes en tenue. Pas un seul touriste, ni même une seule personne ‘normalement’ vêtue. Je prends quelques photos et finis par me faire alpaguer par 2 types portant un bout de bois (j’apprendrai plus tard que c’est le signe de reconnaissance de la ‘police traditionelle’ …) qui m’expliquent qu’il est interdit de prendre des photos du village et des indigènes, chose que je savais plus ou moins mais que je feins d’ignorer. De là, une discussion commence, et ils mettent 20mn à m’expliquer (je précise le temps parce qu’ils semblent gênés à chaque fois, passent par différentes étapes avant d’arriver au but) qu’il me faut un permis pour rentrer dans le village et que je dois payer quelque chose… Ouh là là, ça commence à me gonfler cette ambiance, j’ai l’impression d’être en Nouvelle-Calédonie, à ne pas savoir ce qu’il est possible de faire, ce qui est permis, à qui demander, quelles sont les règles… Certes, je pourrais faire plus d’efforts pour m’intégrer, mais je trouve l’ambiance assez pesante, les indigènes pas vraiment ouverts (c’est à peine s’ils répondent à un bonjour, alors que les colombiens sont si avenants habituellement !).
Dans le village, obligé de prendre les indigènes de dos, ceux-ci n'aimant pas les photos

Photo dans le village traditionnel, qui me vaudra une bonne discussion
Bref, autant je me sentais bien au réveil, prêt à passer 3-4 jours dans ce petit paradis, autant le reste de la journée m’a un peu refroidi et me voilà à chercher un transport pour le lendemain. Départ à 6h du matin avec le même chauffeur qu’à l’aller, entassés dans son Land-Rover. Sauf que ce con n’a pas attendu 5mn, le temps que j’aille chercher mon sac à l’intérieur et s’est barré sans moi. Le seul transport de la journée ! Un peu dégouté de devoir passer une journée de plus ici, et décontenancé, voilà qu’un autre 4X4 se pointe, avec toute la banquette de libre à l’arrière, pour moi tout seul. Un trajet bien plus confortable, tranquillement installé sur cette banquette, passant au milieu des paysages grandioses de la Sierra Nevada !

En plus de cela il m’emmène jusqu’à Valledupar, même pas besoin de galérer à Pueblo Bello pour changer de véhicule !

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