jeudi 17 mai 2012

Colombie : Parque Nacional Natural de Los Nevados du 6 au 12 mai 2012

Los Nevados est un immense parc national au pied de 5 pics enneigés.
Fredy nous entraine depuis la Vallée de Cocora pour une ascension assez physique : plus de 10 heures de marche sur des chemins boueux, traversant des rivières (obligés de marcher avec des bottes, je ne pensais pas que c’était possible, mais c’est la règle dans ce coin, s’enfonçant jusqu’à mi-mollets dans la boue !), quasiment 2000 mètres de dénivelé dans la même journée, chargés comme des mules avec nos provisions pour une semaine… Je crois que je n’en avais jamais autant bavé ! Nous sommes arrivés exténués à la première ferme du ‘paramo’ où nous avons passé la nuit, incapables de faire un pas de plus !
Mais les paysages traversés furent magnifiques : de la forêt tropicale regorgeant d’animaux et d’oiseaux à propos desquels Fredy nous donnait des explications, jusqu’au ‘paramo’.
Le ‘paramo’ est un écosystème aux étendues désertiques et sèches, caractéristique de la région andine de Colombie-Venezuela-Equateur, que l’on trouve à partir de 3000 mètres d’altitude et où pousse la fleur emblématique : le freilejon !
La fameuse "Jeep" de la place de Salento qui nous dépose pour le départ de la rando.

Première nuit dans le refuge, ça se découvre pour laisser voir le glacier de Tolima.
Heureusement les jours suivants furent beaucoup plus tranquilles :
-une bonne partie de la journée du lendemain passée en compagnie d’un paysan du ‘paramo’, ami de Fredy, qui nous invitera d’abord pour un café, puis un lait frais de vache accompagné d’une plante aromatique, puis à déjeuner…
La ferme de Humberto, complètement isolée au milieu du 'paramo'

Don Humberto, paysan du 'paramo', attisant le feu, pour nous préparer un "tinto"=café.

Pause "tinto"

Un petit lait-poléo (plante aromatique du paramo) pour se réchauffer

Et c'est reparti, sous la pluie!

Marina, prête à affronter la pluie, Humberto, prêt à affronter la vache!
On finit par marcher un peu pour arriver dans une vallée magnifique, la ‘valle del placer’ et se faire un barbecue de truites péchées par Fredy.
Le campement dans la "valle del placer"

Le même, avec la vue sur le "Nevado del Tolima"

Freilejones et Tolima

L'équipe devant le Tolima
-le jour suivant, seulement quelques heures pour atteindre les ‘thermales’: le ‘but’ de la randonnée.
L'ascension


Deux bassins sommaires, à plus de 45°, dans un décor extraordinaire, au pied du glacier du Tolima, à quasiment 4000 mètres d’altitude, entourés de freilejones et entre amis… que demander de plus ? On y passera plus de 10 heures, sortant de l’eau à plus de 22h avec l’ami Fredy. Les potos nous serviront même le diner, un traditionnel riz aux légumes, dans le bain…
Fredy et Daniel dans le petit bassin, dit le "jacuzzi".

L'équipe dans le jacuzzi

Le grand bassin

Photos de nuit avec les étoiles

Fredy et Gerardo, le gardien des thermes
-Une dernière trempette le matin au réveil et on repart dans l'autre sens. Sur le chemin, on aperçoit au loin de la fumée. Fredy, en bon écolo, est furieux, nous expliquant que les paysans du coin mettent le feu au paramo, un écosystème très fragile, pour en faire des paturages.
Ni une ni 2, il nous fait humecter des tissus pour ne pas respirer la fumée, arracher des branches, et nous attaquons une belle lutte contre l'incendie, vite maitrisé!
Daniel en pompier du paramo
Morceau de paramo brulé par les paysans du coin

On finit par arriver en fin d’après-midi chez ‘Don Humberto’, le paysan chez qui nous étions passés à l’aller.
Humberto a 65 ans, une femme de 23 ans qui habite dans un village de la vallée, vit seul dans sa ferme avec 50 vaches, dont 10 qu’il trait chaque jour (lorsque nous étions en Argentine, nous trayions 3 vaches à 3 et cela nous prenait une bonne demi-heure, imaginez le pauvre Humberto !), en parallèle de préparer son petit-déjeuner, déjeuner, au feu de bois, puis fabrication du fromage… Il court toute la journée, après ses vaches, ses chiens, ses chevaux, attise le feu, surveille la cuisson, va chercher du bois… tout ça dans une ferme aux murs de boue et au toit de paille plus que sommaire, cuisinant au feu de bois, se lavant une fois la semaine avec une eau glaciale, bien entendu sans électricité… On a du mal à s’imaginer que cela puisse encore exister !

Humberto trayant et Daniel l'aidant

Humberto me lisant les lignes de la main... En plus d'être paysan, il a des dons et lit les cartes, les lignes..
Et puis, il a tué son cochon la veille, plus ou moins en notre honneur. La maison est pleine d’énormes pièces de viande, pendues à des crochets. On aura le droit à un régime porc pendant 2 jours, du petit-dej au diner, frit, à la braise, en soupe, des côtes, du foie, des rognons…

Morceaux de cochon, tué la veille, desquels il faut 'tirer' des steacks
Et Fredy nous régalera d’une pêche miraculeuse avec plus de 50 truites, que l’on mangera fumées, à la braise et en soupe… Séjour ‘gastronomie des campagnes’ !

La pêche de Fredy, Daniel et Max
On filera un coup de main à Humberto pour aller chercher du bois. Hallucinant de savoir qu’il fait cela avec un seul voisin normalement. On est 6 et c’est sacrément galère : 1h30 de marche pour atteindre le site, tronçonneuse, je ne sais combien d’aller-retours pour ramener le bois aux chevaux, 4 personnes pour charger les bêtes... quel travail !
Et sur le chemin du retour, un cheval qui s’emballe, Humberto qui gueule, le cheval hyper chargé sur ce terrain accidenté se retrouve les 4 fers en l’air… Humberto part d’un rire nerveux très communicatif, mais il sait que le cheval est en mauvaise posture et que s’il lui arrive quoi que ce soit, s’il se blesse, il est voué à la mort parce que les vétérinaires ne sont pas légion dans le quartier… 3 tentatives, le cheval qui nous fait 3 tonneaux complets pour revenir dans la même position, Humberto qui parle de le décharger alors que nous avons passé 1h à le charger… Mais au final le voilà sur ses pattes, on équilibre la charge et c’est reparti…

Cheval en mauvaise posture...
Humberto nous aura offert un séjour extraordinaire, ce bonhomme a le cœur sur la main.
Voulant faire du volontariat ou du ‘WWOOFing’ (travail dans une ferme 'bio' en échange du gite et du couvert) comme en Argentine, je me dis que le mieux est de le faire avec lui, je ne sais pas si l’occasion se représentera de pouvoir vivre dans ces conditions. Je lui propose donc de descendre avec les potos et de remonter quelques jours plus tard, proposition qu’il accepte avec joie, ça lui fera de la compagnie et l’allègera sacrément !
Descente beaucoup plus facile que la montée, les sacs ayant été bien vidés, la boue amortissant les chocs… Par contre des trombes de pluie, nous sommes trempés dès le départ, les bottes remplies d’eau, un vrai plaisir !

L'équipe presque à l'arrivée, bien trempés, mais on s'en fout, ce soir on dort au sec!

Vallée de la Cocora et ses palmiers de Cera
Une bonne soirée billard-bières (obligé, je suis avec un australien et un allemand !) pour se remettre de ses émotions, 2-3 jours à randonner dans les environs, des gens sympas à l'hôtel dont des chiliens avec qui on aura fait un foot plutôt physique et passé une soirée 'tejo'.
Le tejo est le "sport" traditionnel en Colombie, consistant, pour faire simple, à jeter un galet de plomb sur une surface d'à peu près 1m² recouverte d'argile et sur laquelle se trouvent 2 papiers remplis de poudre à canon qui explosent quand on les atteint dans un bruit assez impressionant. Ca pourrait être comparable à la pétanque, et c'est une bonne occasion pour les colombiens de parier des bières et de picoler un bon coup
Fredy au lancer!
Mais ça y est, les allemands sont partis en direction du sud, Daniel retourne en Australie après un an de voyage, et me voilà fin prêt à grimper en compagnie de mon papy-paysan !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire